Sinusoïdal

Miroir, mon beau miroir…

À l'ombre du pommier

Je ne sais pourquoi je m’impose systématiquement un maquillage étudié de mes yeux avant nos rendez-vous, puisque mon regard lui sera interdit… Une manière sans doute de prendre de l’assurance, de dessiner cette femme qui se cache mais qui ne tremble pas, à la respiration lente et au pas assuré. Je pourrais en revanche faire ressortir ma bouche d’un carmin incendiaire et provocant mais qui, monopolisant totalement son regard, ferait mentir ma nature discrète… Ainsi, mon visage à lui seul trahit cet imperceptible paradoxe qui réunit l’audace et la timidité en un seul et même corps.

C’est donc les yeux bandés et sans rouge à lèvres qu’une nouvelle fois, j’entre chez lui. Toujours cette odeur de cigarette froide mêlée à celle des bougies parfumées. Toujours ce silence qui attend le mien et précède le bruit de son pas. Je suis maintenant conditionnée par ces détails devenus rituels. Il s’approche de…

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Ondulation

Je commence à lire en elle, à l’apprivoiser. Les détails deviennent des évidences et trahissent les femmes en elles qui la font femme; singulière. Son pas a gagné en assurance, sa poitrine haute et sa silhouette cambrée par ses talons ajoutent à sa prestance. Je ne suis dupe de rien, pas d’elle. Elle peut se masquer derrière une respiration lente, je sais ce qui l’anime désormais. Je lis en elle avec appétit, j’apprends; les mots sont clairs, seule la ponctuation, parfois, m’échappe encore. L’audace de sa timidité me submerge toujours un peu plus.

 
Le temps de griller une dernière cigarette et d’allumer quelques bougies parfumées. Elle entre les yeux bandés, les lèvres nues; les détails, ses détails. Sa démarche est sure, elle avance en terrain conquis, elle sait où elle pose le pied. Une sorte de procession dans ce qui était devenu notre sanctuaire, et me calant dans son pas, je prends sur moi de ne brûler aucune étape. Son cou dégagé appelle mes lèvres à y laisser, comme un animal, l’empreinte de mon passage. Elle m’appartient. Mes mains sur sa peau, caressantes, d’une douce brutalité, lui indique le chemin de ma félicité, jusqu’à soigner ma crampe d’amour. Nous avons désormais notre langage fait de gestes, de soupirs, et de nos mots à nous. Je lui raconte dans des vers déliés, la traverse vers cet autre part qui, je le sais, lui fait tant envie.

 
Je la veux dans ma chambre, mais je la veux nue. « Enlève ta robe ». Elle me satisfait sans plus me contraindre, nos plaisirs emmêlés. Elle est un cadeau qui s’offre à moi, privilégié, subjugué, excité. Ses lèvres nues deviennent alors irrésistible, et je ne résiste pas à me perdre entre ses lèvres, comme un égaré qui retrouve son chemin à l’instinct d’un souvenir. Je veux la voir, la sentir différemement. Je la porte jusqu’au fauteuil, je la veux indécente, perverse. La vision de ses cuisses grandes ouvertes et de son sexe humide finissent me rendent impatient. Ses mains. Liciencieuses. Si belle qu’elle pourrait m’en faire jouir juste en m’effleurant. La mélodie de ses doigts mouillés abat mes dernières résistances, et je me précipite sans un mot, dans un silence assourdissant, avide, sur son sexe trempé. Je me suis toujours délecté de son goût. Plus encore de l’image de cette femme qui m’abandonne tout dans son abandon, qui m’offre son corps et son âme. Elle est si belle, que je ne peux m’empêcher de la contempler, encore un peu.

 

Ces doigts posés de chaque côté de ses lèvres, plus qu’ouverte, laisser ruisseler son envie de mon vit en elle. Impatiente, elle attend le coup de semonce; il ne viendra pas. Pas tout de suite, pas maintenant. J’ai d’autres idées en tête. Je lui raconte autour d’un verre et de fruits de son goût. Je les pose sur son entrejambe brûlant, pour les déposer ensuite entre ses lèvres. Elle se goûte, naturellement sucrée.  Elle m’écoute, mais elle est distraite, sa lubricité en branle déjà, ailleurs, là où je l’emmènerai.  Je l’emmènerai chez cet homme qui saura parfaire son éducation, et fera vivre en elle cette petite catin sur le point de se réveiller. Son corps me dit qu’elle conteste légèrement, qu’elle a remis quelques doigts sur les rênes au cas où, mais je ne crains rien, je sais ce que je fais.

 

Nous ne disons rien sur le chemin qui nous mène vers cet autre. Un silence que j’entretiens, car il la rend fébrile, et je sais depuis toujours que cette fébrilité très souvent nourrit son excitation. Elle ne dit rien, elle attend, prend des inspirations plus profondes, pour mieux se calmer dans la seconde. On se gare, et seulement couverte de son bandeau sur les yeux, elle me suit jusqu’à la porte. La porte s’ouvre et il prend le relais, et la guide vers la pièce principale où du vin nous attend. Elle est installée sur un fauteuil alors que nous discutons tranquillement, lisant tranquillement ses attitudes, devinant ses pensées. Mon ami me sourit, ce sourire que je connais et qui signifie qu’il est fier de ma trouvaille, une petite dépravée, singulière, différente. Une perle… qu’il lui fallait éprouver, pour en jauger la réelle valeur. D’un signe de la main, je lui indique qu’elle est toute à lui, au moins pour quelques instants.

 

De quatre mains fermes, nous la traînons à l’étage, là où il dévore ses proies, et sans mise en garde, commence alors une danse effrénée, lascive, animale; la proie jouant de l’instinct de ses chasseurs, se laissant prendre pour mieux échapper, pour mieux être prise, encore. A nos pieds, avide, insatiable, lubrique, totalement lubrique; elle est une ode à la perversion. Ma salope, que je partage car il est trop égoïste de vivre seul avec son trésor. Elle s’oublit et s’accomplit, halète et jouit, devine et anticipe. Elle est prête. Elle l’ignore peut-être, mais moi je le sais, elle est prête; je lui retire son bandeau. Elle hésite, garde les yeux fermés comme on se prémunit d’un saut qui peut tout changer. Elle est prête. Prête à se confronter à elle-même, à son reflet dans mes yeux, prête à se voir, dans mon miroir.

 

Nous étions tous nus, l’âme à vif, avec nos faiblesses et nos vérités. Il n’y avait ni maître, ni soumise, ni dominant, ni chienne. Juste nous, et lui. Allongés, sur le même chemin.

 

Miroir, mon beau miroir…

 

A quoi devais-je m’attendre ?…

À l'ombre du pommier

Ainsi qu’il l’avait décidé, j’entrai chez lui et, dans le hall, je me déshabillai entièrement…ou presque. Partagée entre la volonté de lui démontrer mon audace en entrant chez lui complètement nue et mon désir de le sentir jouer avec ma culotte, je décidai au dernier moment de garder ce minuscule morceau de tissu sur mon sexe. J’avais bien sûr gardé mes escarpins… Pour la touche d’élégance. Il y avait une petite sangle, juste à côté du masque que je devais poser sur mes yeux. Ça n’était pas prévu et je me trouvai un peu déstabilisée, incertaine de la nature et du rôle de cet objet nouveau pour moi. Fallait-il que je le prenne ou l’avait-il prévu pour plus tard ? « Dans le doute, abstiens-toi ». Je le laissai là, souffla sur la bougie -réflexe rémanant de jeune fille complexée- revêtis le masque et fit résonner doucement le bruit de mes talons…

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Ce qui était prévu…

Je la voulais nue, d’entrée. Un gage d’obéissance et de soumission à mes pulsions contrôlées. Une marque de confiance, également. Ce n’était pas ma première fois ; je découvrais une angoisse nouvelle, celle de mon impatience qui l’emmènerait trop loin, trop tôt. Singulière, si particulière que je serais allé partout avec elle si elle n’avait pas voulu emprunter mon chemin, mais je la voyais si belle au bout de la traverse…

Elle se déshabilla élégamment, pas à pas, m’offrant la cambrure de son dos, portée sur ses escarpins. Ses mains flottaient dans l’air tandis que ses cheveux balayaient sa nuque. Mes yeux se perdait du haut vers le bas, n’ignorant rien de ses chevilles à ses fesses, rien, de ses salières de Vénus à son doux visage à peine tournée vers moi. Je l’inondais de mes caprices quand elle inondait mon esprit ; submergé, je respirais en apnée. Je la suivais dans le reflet de mon miroir, elle ne me voyait pas.

Elle garda sa culotte comme on garde le contrôle sur ce qui nous échappe. Elle semblait ambivalente, bordée d’un doute mais ceinturée par une audace si vive, qu’elle ne pouvait faire marche arrière. Elle passa devant la petite table sur laquelle j’avais déposé autour d’une bougie, un masque, un collier, et une laisse. Elle marqua un temps d’arrêt, le temps d’une inspiration ; le masque enfilé, elle souffla sur la bougie. Elle reprit sa marche, appuyant gracieusement ses talons sur le sol, comme une muse chante son arrivée au poète. J’étais déjà là, prêt à la conter aussi belle que le beau.

A peine avait-elle franchi l’encadrement de la porte que je me saisissais de sa main, et la plaquait, son corps entier, contre le mur, son dos contre mon torse. Mes lèvres sur son cou, je l’assaillais de fermes reproches quant à ses manquements sur son entrée, et d’une voix me confiant la conduite, elle se justifiait bien que ses manques n’avait exhibé aucun faux-pas. Elle n’était pas rebelle pour la rébellion, juste fidèle à ses instincts. Je rêvais que son instinct la rende chienne, mienne, ma chienne, l’espace d’un apprivoisement. Prisonnier de son corps et de son esprit, je failli perdre pied de notre premier peau à peau, giflé, par sa concupiscence.

« Mets-toi à quatre pattes ». Elle s’exécuta, creusant son dos d’un si beau dessin que le sang de ma verge ne fit qu’un tour. J’en oubliais le collier et la laisse qui aurait dû la conduire jusqu’au lieu de nos badinages passés, là où à présent, nous quitterions le virtuel pour de vrai. Il fallait la voir, marcher à quatre pattes, sa joliesse, ses fesses, et mon sexe désormais hors de lui. Une pomme, à croquer.

Je l’attrapai fermement par les cheveux et l’attirai vers mes lèvres. L’impatience et ce désir que les mots ignorent me commandait de goûter sa peau, son intime. Et sans lâcher prise, joignant la parole – « suce-moi »  – au geste, j’empalai sa bouche délicieuse sur ma queue. Le galbe de ses seins entre mes mains passionnés ; je pinçai ses tétons, toujours un peu plus fort, les tirai vers moi arrachant des soupirs qui semblait me dire que j’étais encore trop tendre et qu’elle voulait me sentir plus encore. Elle deviendrait celle que je voulais, j’en avais désormais la conviction. Je me repris, et me retirai de sa bouche. Je m’installai sur mon siège pour mieux l’observer, la faire mienne.

« Tourne-toi que je vois ton cul. » « Cambre-toi, encore. » « Tes mains sur tes fesses. Écarte. » « Montre-moi ta chatte. » Montre-moi ton cul » « Prépare-toi à me recevoir, je vais te baiser. Ta chatte. Ton cul. Je vais te baiser, et tu vas aimer ça. » « Tu seras chienne, salope. » « Ma chienne ».

Elle devint chienne dès l’instant où entre deux gémissements, elle murmura une plainte à peine audible qu’elle dut s’y reprendre à trois fois pour que je l’entende distinctement : « Le collier. Je veux le sentir autour de mon cou. »

Je lui passai le collier, elle était mienne, j’étais sien. Elle était soumise et je devenais maître dévoué. J’attachai la laisse au collier et je lui glissai à l’oreille : « désormais, je te tiens ». J’étais son intuition, sa liberté. Le poids de sa lubricité entre mes mains, le guide de son éclosion ; il est possible même pour les plus belles plantes, de redevenir bourgeon, de renaître au printemps. Le printemps, c’était nous, et la saison ne faisait que commencer…

Miroir, mon beau miroir…